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Zoom sur le Paulownia

Originaire d’Asie de l’Est, le genre Paulownia comprend plusieurs espèces. L’espèce Paulownia tomentosa et ses hybrides (créés par l’humain) figurent parmi les plus prisés du genre en raison de leurs qualités ornementales et de celle de leur bois. Ils ont ainsi été introduits dans plusieurs régions du monde. Certains hybrides ont été sélectionnés pour leur résistance à des climats plus variés que celui de l’aire naturelle de P. tomentosa.

Biologie :

Paulownia tomentosa est un arbre pouvant atteindre 20 m de hauteur, caractérisé par des feuilles opposées de grande taille, mesurant jusqu’à 20 cm de largeur, mais également par l’aspect cotonneux de la face interne de ses feuilles, ce qui lui vaut son nom de « tomentosa ».
Il atteint sa maturité sexuelle entre 8 et 10 ans. Espèce hermaphrodite, sa pollinisation est assurée par les insectes (entomogamie). Chaque fruit peut libérer environ 1 200 graines, capables d’être dispersées à la fois par le vent et l’eau (anémo-hydrochore). Un individu peut ainsi produire et disperser jusqu’à 20 millions de graines par an. Lorsqu’il est soumis à un stress, l’arbre peut développer des rejets. Il forme également des drageons et est capable de se reproduire par bouturage.

Écologie dans son aire d’introduction :


Cette espèce se développe particulièrement bien en milieu ouvert en raison de sa faible compétitivité pour la lumière. Elle tolère mal la sécheresse et les vents forts, et préfère les milieux thermophiles. Elle pourrait être sensible au gel durant ses premières années. Elle semble se limiter aux espaces anthropisés (fissures dans le bitume, murs, ruines, bords de route) et aux milieux perturbés (berges de cours d’eau, forêts incendiées).

Impacts

À l’international, l’espèce est déjà considérée comme exotique envahissante, notamment aux États-Unis (continent et Hawaï) et en Nouvelle-Zélande. L’espèce a obtenu ce statut aux États-Unis (certains États) en raison de la concurrence avec les espèces indigènes. En Suisse, l’espèce est réglementée (circulation interdite), pour les mêmes raisons qu’aux États-Unis.

En Europe, une synthèse des impacts a été réalisée par Bindewald et al. (2020). Ils ont évalué les capacités d’envahissement selon six méthodes. Selon leur analyse, le Paulownia présente un risque faible (méthodes : Neophyte key, ISEIA) à modéré (méthodes : GABLIS, BGW Lists CZ, PaR NNT, et Harmonia+). Voici les critères ressortis pour la classification de l’espèce :

  • Neophyte key : présence essentiellement dans des habitats anthropiques et absence de risque sanitaire et économique important.
  • ISEIA : incapacité à coloniser des habitats ayant une valeur patrimoniale, avec des incidences négatives peu probables (niveau de confiance faible en raison de connaissances insuffisantes).
  • GABLIS, BGW Lists CZ : impact sur la biodiversité non avéré, capacité de reproduction et de dissémination élevée. Sa tendance à occuper des milieux thermophiles suggère une extension facilitée par le changement climatique.
  • PaR NNT : possibilité de propagation incontrôlable dans les milieux ouverts.
  • Harmonia+ : risque modéré dans les milieux ouverts et faible en forêt, où il est moins compétitif que d’autres essences forestières et peu susceptible de se régénérer sous une canopée fermée

En France, l’espèce est soit absente, soit présente dans des listes d’EEE potentielle ou à surveiller

  • Corse : liste des espèces végétales exotiques potentiellement envahissantes, catégorie « alerte » (Petit et Hugot, 2019).
  • Pays de la Loire : liste des espèces à surveiller, catégorie des « plantes invasives avérées uniquement en milieu fortement influencé par l’Homme, dont le caractère envahissant en milieu naturel n’est pas connu ailleurs dans le monde, dans des régions à climat similaire » (Dortel & Bail, 2019).  
  • Rhône-Alpes : « taxon non envahissant, introduit de longue date (50-100 ans), ne présentant pas de comportement envahissant et non cité comme envahissant dans les territoires géographiquement proches » (Debay et al., 2020)
  • Occitanie : potentiellement envahissant (Cottaz et al., 2021)
  • PACA : occasionnelle, sans potentiel invasif ( CBNA & CBNMed, 2021)
  • Nouvelle-Aquitaine : insuffisamment documentée (Caillon et al., 2022).
  • Bretagne : « plantes invasives potentielles » en raison de son caractère invasif « avéré ailleurs en climat similaire » (Burguin, 2024)

Région

Répartition :

Vous pouvez également consulter la carte actualisée sur le site de LOBELIA

Risque :

Le CBN du Bassin parisien, qui établit la liste hiérarchisée des plantes invasives de la région Centre-Val de Loire pour le compte du GTEEE, a réalisé une analyse de risque avec la méthode Weber & Gut (méthode utilisée pour catégoriser toutes les espèces exotiques de la région et évaluer leur potentiel invasif). Un score de 23 a été obtenu, ce qui représente un risque modéré (entre 21 et 27).

Le critère retenu est, entre autres, le fait que l’espèce n’est, pour le moment, présente que dans des habitats artificialisés en région Centre-Val de Loire et qu’aucun peuplement dense n’a été observé.

Cependant, le groupe de travail reste mobilisé sur la question afin de réévaluer l’espèce si nécessaire. En tant qu’experts régionaux, nous partageons l’avis des experts nationaux sur l’importance de l’application du principe de précaution.

Cet article constitue, pour l’essentiel, un résumé des notes réalisées sur le CDR. Vous pourrez les lire dans leur intégralité sur :

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